La dépendance est « l’impossibilité de s’abstenir de consommer le produit ». Il existe deux formes de dépendance :

La dépendance psychologique : se définie par le besoin de maintenir ou retrouver les sensations de plaisir, de bien-être, la satisfaction, la stimulation que la substance apporte au consommateur, mais aussi d’éviter la sensation de malaise psychique qui survient lorsque la personne n’a plus son produit.

La dépendance physique : se définie par un besoin irrépressible de consommer la substance pour éviter les symptômes de manque lié à la privation du produit. Elle se caractérise par l’existence d’un syndrome de sevrage (tremblements, vomissements, état d’agitation, sueurs, anxiété..) et par l’apparition de symptômes de tolérance (augmentation de la consommation quotidienne).

Addictions avec substances

Alcool

Le comportement de dépendance s’installe progressivement sur plusieurs années en passant du dérapage ponctuel à la consommation nocive avec ses dommages.

Parfois il peut être difficile de différencier usage nocif et dépendance, l’alcoolodépendance est caractérisée par un usage important du produit qui va entrainer une perte de la maitrise de la consommation alcoolique après que l’individu ait développé une augmentation plus ou moins rapide de sa tolérance caractérisée soit par la consommation de quantités de plus en plus importantes pour obtenir les mêmes effets, soit par la constatation d’une diminution des effets pour des doses consommées équivalentes.

On parle de dépendance à l’alcool quand plusieurs  de ces symptômes sont présents :

  • Tolérance  :  la nécessité d’augmenter ses doses d’alcool pour « se sentir bien » ou diminution marquée de l’effet pour une même quantité d’alcool.
  • Sevrage : Présence de symptômes de sevrage (tremblements, irritabilité, sueurs…) ou Prise d’alcool pour soulager ou éviter les symptômes de sevrage. Prise d’alcool en quantité plus importante ou pendant une période plus prolongée que celle envisagée.
  • Désir persistant ou efforts infructueux du patient, pour diminuer ou contrôler sa consommation d’alcool.Beaucoup de temps passé ou beaucoup d’efforts prodigués pour se procurer de l’alcool (Exemples : sorties nocturnes, vol, dissimulation…).
  • Abandons ou réductions des activités sociales, professionnelles ou de loisirs à cause de sa consommation d’alcool. La personne a du mal à s’empêcher de boire, bien qu’elle sache avoir un problème psychologique ou physique persistant ou récurrent susceptible d’avoir été causé ou exacerbé par la consommation d’alcool. (Exemple : la personne continue à boire bien qu’il connaisse l’aggravation d’un ulcère du fait de sa consommation d’alcool).

Les motifs de consommations varient :

  • Aimer la sensations que cela procure
  • Pour se remonter le moral
  • Oublier les problèmes
  • Une aide lorsqu’on se sent déprimé ou anxieux !
  • Appréciation par les autres
  • Pour faire partie d’un groupe

  • Bibliographie
  • Kiritze-Topor, P. (2005). Aider les alcooliques et ceux qui les entourent. Paris: Masson
  • Batel, P. (2007). Pour en finir avec l’alcoolisme. Réalités scientifiques contre idées reçues. Paris : La découverte
  • Huerre, P., Marty, F. (2007). Alcool et adolescence. Jeunes en quête d’ivresse. Paris: Albin Michel

Cannabis

Le cannabis est une plante qui est consommée sous forme d’herbe (marijuana, ganja, beuh…), de résine (haschisch, shit…) ou plus rarement d’huile. Il contient plusieurs substances psychoactives dont la principale est appelée le THC (tétrahydrocannabinol). C’est le THC qui produit les effets habituels du cannabis sur le système nerveux et modifie la perception et les sensations. Le cannabis est la plupart du temps fumé. Certains consommateurs réguliers, en raison de leurs habitudes de consommation, de leur personnalité, de leur histoire personnelle, de leur environnement, auront plus de mal que d’autres à diminuer ou arrêter leur consommation. Cette difficulté résulte souvent du fait qu’ils vont ressentir des symptômes de manque à l’arrêt de la consommation (irritabilité, anxiété,troubles du sommeil).
On constate fréquemment que les consommateurs réguliers organisent leur vie quotidienne autour du produit(recherche, achat, planification des consommations,…) De ce fait, comme le produit est facilement à leur disposition, ils ne prennent pas conscience qu’ils ne peuvent pas s’en passer. Dans les deux cas (signes de manque ou organisation de la vie autour du cannabis), on peut dire qu’une dépendance s’installe ou s’est installée.

Les effets du cannabis :

  • Varient d’une personne à une autre, en fonction de la quantité consommée mais aussi, pour une même personne, selon le contexte de sa consommation. Les consommateurs recherchent et décrivent un état de détente, de bien-être, d’euphorie et une modification des perceptions (sensation de mieux entendre la musique…). Le consommateur a souvent les yeux rouges, la bouche sèche et peut ressentir d’intenses fringales.
  • Ne sont pas toujours obtenus, soit parce qu’on a consommé trop de produit, soit parce que la consommation va accentuer un état de mal-être ou encore parce qu’on s’est accoutumé au produit.

Alors que les effets du cannabis peuvent s’estomper quelques heures après avoir fumé, le produit reste présent très longtemps dans l’organisme. Le THC se stocke dans les tissus graisseux, notamment le cerveau. Il peut être détecté dans les urines dans les jours et semaines qui suivent.

Les raisons de la consommation de cannabis varient:

  • Par plaisir, pour se détendre. On peut parfois progressivement oublier qu’il existe d’autres façons d’éprouver du plaisir et de se relaxer.
  • Pour faciliter ses relations avec les autres, être intégré à un groupe… Mais beaucoup de consommateurs réguliers trouvent, qu’avec le temps, la qualité des relations et de la vie sociale se détériore. On arrête des activités qu’on aime, on ne voit plus certains amis, les discussions tournent beaucoup autour du produit…
  • Pour tromper l’ennui ou éviter d’affronter les problèmes. Et, là encore, une consommation régulière de cannabis conduit souvent à réduire ses activités et à masquer les problèmes.
  • Bibliographie
  • Palazzolo, J., Roure, L. (2005). Cannabis du plaisir au risque. Paris
  • Huerre, P., Marty F. (2004). Cannabis et adolescence : les liaisons dangereuses. Paris : Albin Michel

Cocaïne

La cocaïne ne s’accompagne  pas nécessairement de symptômes de dépendances physiques. En revanche, le risque de dépendance psychique grave peuvent apparaitre et s’installer rapidement.

La cocaïne appelée « coca », « coke » , « neige »,  « C » ou « CC » a un effet stimulant permettant d’augmenter les performances, facilite la communication, réduit la timidité et favorise la communication sociale. Elle donne l’impression d’être « high » et relaxé, d’avoir plus d’énergie, d’avoir plus confiance en soi. Elle donne des sensations physiques agréables et à un bon goût. Elle donne l’impression d’être plus lucide, créatif , plus concentré. Elle favorise une meilleure une meilleure activité sexuelle. Elle atténue les sensations de faim et de soif.  Au niveau physique, la consommation de cocaïne provoque une accélération du rythme cardiaque, et une augmentation de la pression artérielle.

Les effets indésirables sont la dépendance psychologique, le fait que la cocaïne rend introvertie  et égocentrique, mais également agressif et irritable, dépressif, mégalomane, superficiel. Des effets secondaires de la stimulation que sont l’agitation et l’insomnie.

A dose élevée, elle peut provoquer des hallucinations, voire des épisodes psychotiques pouvant s’accompagner d’un vécu paranoïde (sentiment de persécution) et d’état d’angoisse.

 Les motivations de la consommation

Plusieurs motivations peuvent coexister chez une même personne :

  • Recherche de stimulation et d’endurance: la cocaïne est perçu comme un produit dopant ou de « vitamine ». Elle permet d’augmenter ses facultés de résistances
  • Recherche d’intégration, la volonté d’appartenir au groupe et la pression de celui-ci qui valorise la consommation de cocaïne sont présentées comme une des raisons de perdurer dans l’usage
  • Consommer de la cocaïne peut être constituée de rendre une fête exceptionnelle, comme marqueur festif.
  • Recherche d’euphorie et bien être
  • Bibliographie
  • Karila, L., Verney-caillat, S. (2010). Une histoire de poudre. La cocaïne tout le monde en prend, pourquoi?. Paris: Flamarion
  • Karila, L., Reynaud, M. (2009). Addiction à la cocaïne. Paris: Flammarion.

Addictions sans substances ou Addictions comportementales

Le jeu pathologique

Dans notre société, le jeu est considéré comme une activité de détente sans conséquence négative. Toutefois, certaines personnes peuvent développer des comportements excessifs, où le jeu devient une maladie ou une dépendance qui se manifeste par une envie irrépressible de miser de l’argent. Le jeu pathologique concerne les jeux de hasard et d’argent.

Le joueur mise de façon irréversible un bien (argent ou objet). L’issue du jeu aboutit à une perte ou un gain, en fonction partiellement ou totalement du hasard. Le jeu pathologique est un comportement répété et persistant exposant à de graves conséquences sociales, professionnelles et personnelles. L’activité domine la vie du joueur.

Le jeu est caractérisé par les critères suivants : le joueur pari de l’argent ou un objet de valeur ; le pari est irréversible une fois placé ; le résultat du jeu repose sur le hasard. Ce dernier critère est central, la chance impose l’idée qu’il est impossible de contrôler le résultat d’un évènement. Certains jeux laissent croire au joueur qu’il lui est possible d’exercer une influence sur le jeu. Le joueur est incapable de s’arrêter de jouer, il entre dans une spirale infernale, le joueur pathologique <strong « >joue pour payer ses dettes, « se refaire », c’est-à-dire regagner l’argent perdu. Il se trouve dans l’incapacité de pouvoir arrêter son comportement, le jeu devient le centre de l’existence, au détriment de tous les autres investissements affectifs et sociaux.

Les conséquences du jeu renforcent le comportement de jeu et malgré les conséquences, le joueur poursuit cette activité, en entretenant l’espoir irrationnel du gain important défiant les lois du hasard. Les joueurs pathologiques présentent des pensées dysfonctionnelles spécifiques. Selon les études, le joueur pathologique présente une illusion de contrôle du hasard (une surestimation de leurs actions et de leurs résultats), la certitude de gagner quelles que soient les pertes et la certitude que la poursuite du jeu augmente les chances de gagner.

Le joueur passe par trois stades successifs :

  • Une phase de gain: pour certains la dépendance s’installe lors d’un gain très important, le big win. Le joueur a l’impression de maitriser le jeu. Il mise de plus en plus gros, il se pense exceptionnel, doté d’un don. Il a une toute confiance en son destin et augmente les enjeux et les paris.
  • Une phase de perte: marquée par la désillusion progressive. Le joueur veut « se refaire » dans l’espoir de gagner de l’argent pour compenser ses pertes. Le joueur contracte des emprunts en étant persuader de les rembourser avec ses futurs gains.
  • Une phase de désespoir: elle apparait lors d’une longue période de perte. Ne pouvant s’arrêter de jouer, il a recours à des conduites délictueuses pour se procurer de l’argent (vols, fausses factures, escroqueries, transfert d’argent illégal,..). Il croit encore en sa capacité à gagner mais se trouve délaisser par son entourage, désespéré, isolé, menacé de perdre son conjoint, son emploi.
  • Bibliographie
  • Valleur, M., Bucher, C. (2006). Le jeu pathologique. Paris: Armand Colin
  • Valleur, M., Matysiak, J.C. (2004). Les nouvelles formes d’addiction Paris: Flammarion
  • Ades,J., Lejoyeux, M. (2001). Encore plus! jeu, sexe, travail, argent. Paris: Odile Jacob
  • Cungi, C. (2005). Faire face aux dépendances, Alcool, tabac, drogues, jeux, internet. Paris : Retz.

Les achats compulsifs

Les achats compulsifs désignent un comportement d’achat incontrôlé et une tendance répétitive aux dépenses provoquant des conséquences négatives au niveau personnel, familial et social. Dans les achats pathologiques, les personnes décrivent une envie très forte d’acheter pouvant devenir une obsession si l’achat ne peut être réalisé.
Ils sont préoccupés par les achats et les dépenses et consacrent beaucoup de leur temps à ces comportements. Chez les acheteurs compulsifs, les émotions négatives (dépression, anxiété, ennui, la colère) sont fréquentes et précèdent le comportement d’achat, mais s’apaisent avec ceux-ci. Lors des achats, ils décrivent un état d’excitation et d’euphorie, comparable à celle obtenues par les substances psychoactives telle que la cocaïne. Après les achats, c’est surtout la culpabilité qui domine ainsi que la tristesse et l’ennui.

On décompose l’achat compulsif en quatre stades:

1. l’anticipation (pensées obsédantes, pulsions)
2. la préparation (personne se prépare pour les achats, lieu, moyen de paiement)
3. l’achat (émotions et sensations durant l’achat)
4. les dépenses d’argent (déception et émotions négatives).

Les objets achetés ne sont pas particulièrement couteux, néanmoins, achetés en grande quantité, ils entrainent des dépenses importantes. Les conséquences liées à ces achats compulsifs sont importantes : un haut niveau d’endettement, incapacité à rembourser ses dettes, les problèmes judiciaires.

  • Bibliographie
  • Ades, J., & Lejoyeux, M. (1999). La fièvre des achats. Le syndrome des achats compulsifs. Paris : les empêcheurs de penser en rond.

Les Jeux vidéo

Le caractère addictogène ou addictif de l’usage des jeux vidéo concernent essentiellement les jeux en réseau sur internet et notamment les MMORPG (Massevely Multiplayer Online Role Playing Game – Jeux de rôle en ligne multi-joueur).

Nous constatons que chez une faible proportion de joueurs, la perte de contrôle du temps passé à jouer est manifeste et les conséquences sur la vie quotidienne parfois importantes. Chez certains, la pratique excessive des jeux vidéo va conduire à des difficultés scolaires, ainsi qu’à un repli au domicile avec abandon des autres loisirs et diminution des relations sociales dans la vie réelle.

L’une des motivations de ces joueurs excessifs pourrait être la volonté de s’échapper de la réalité, source d’obstacles et de difficultés pour eux, pour se réfugier dans le monde virtuel qui est plus rassurant. A ce titre, les MMORPG semblent plus problématiques et peuvent parfois conduire à des abus, voire à des dépendances. Plusieurs pistes explicatives sont avancées : Univers persistant : Ces jeux n’ont pas de buts prédéfinis et donc pas de fin. Leur exploration est presque infinie. De plus, le jeu fonctionne de manière continue, même si le joueur n’est pas connecté.

La dépendance aux jeux vidéo s’exprime par :

  • Beaucoup de temps passé à jouer au détriment d’autres activités nécessaire à un bon équilibre (relations sociales, amicales et familiales).
  • Incapacité à contrôler ce temps et à réduire son temps de jeu
  • Privation de sommeil
  • Troubles de l’appétit
  • Tristesse, anxiété, agressivité

Les conséquences physiques possibles, sont mes maux de tête, troubles du sommeil, repas irrégulier ou sautés, dénutrition ou perte de poids, mauvaise hygiène personnelle, épuisement, fatigue chronique.

Les conséquences psychologiques, sont le désintérêt général, le désinvestissement relationnel, déni, problèmes de comportement.

  • Bibliographie
  • Belkacem, A.,  Reynaud, M. (2011). Du plaisir au jeu pathologique : 100 questions pour mieux gérer la maladie. Paris : Maxima
  • Phan, O., Bastard, N. (2009). Jeux vidéo et Ados. Ne pas diaboliser pour mieux les accompagner. Paris: Edition Pasca
  • Tisseron., S., Gravillon, I. (2008). Qui a peur des jeux vidéo. Paris: Albin Michel